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Добавлен: 05.08.2024

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СОДЕРЖАНИЕ

Troisième partie

Quatrième partie

§ 10. La signification en tant que structure. La majorité des lin­guistes envisage la-signification comme un des ingrédients du mot.

§ 12. Caractéristique phonétique des mots en français moderne.

Premiere partie

§ 21. Les différents types de sens. Les sens des mots se laissent classer d'après quelques types essentiels.

§ 25. La métaphore. La métaphore ( du grec metaphora qui signifie proprement “transfert”) est la dénomination d`un objet par un autre lié au premier par une association de similitude.

§ 35. Les suffixes servant à former des substantifs concrets. Les suffixes des substantifs à sens concret constituent un autre groupe consi­dérable.

§ 38. La suffixation des verbes. La suffixation est moins typique des verbes que des substantifs et des adjectifs.

§ 41. La préfixation des substantifs. Les formations préfixales sont beaucoup plus rares parmi les substantifs que les formations suffixales.

§ 42. La préfixation des adjectifs. Les formations préfixales parmi les adjectifs ne sont guère non plus très nombreuses.

§ 46. La composition. Ce procédé de formation, quoique moins pro­ductif que la dérivation affixale. Occupe une place importante dans le système formatif du français d'aujourd'hui.

§ 58. Remarques préliminaires.

§ 67. Les doublets. Ainsi qu'il s'ensuit des faits analysés, le voca­bulaire français examiné du point de vue de son origine se compose de trois couches essentielles de mots :

Deuxieme partie

Les groupements lexicaux

§ 73. La langue nationale et les dialectes locaux. Généralités.

§ 76. Les caractères essentiels du français régional de France. En France le français régional a subi l'influence des parlers locaux qui se fait surtout sentir sur la prononciation.

§ 78. L'influence des parlers locaux sur le français national.

Mots et calques internationaux dans le vocabulaire du français moderne

Éléments nouveaux et archaïques

Les sous-systèmes dus aux relations

Les synonymes

Les antonymes

§ 99. Les types d'opposition antonymique. Les oppositions entre deux choses homogènes peuvent être de différente nature ; de là - les différents types d'antonymes.

§ 100. L'antonymie partielle. Tout comme les synonymes, les an­tonymes peuvent être partiels. Les mots polysémiques peuvent avoir des antonymes dans chacune de leurs acceptions.

§ 103. Les principaux types d'homonymes.L'homonymie est absolue quand aucun indice de nature orthographique ou grammaticale ne spécifie les homonymes qui se distinguent uniquement par leur sens.

Types de dictionnaires

§ 105. Généralités.L'étude des dictionnaires, ou la lexicographie, s'élève, à l'époque actuelle, à la hauteur d'une science.

Les dictionnaires unilingues

Les dictionnaires bilingues

Cet exposé, aussi bref soit-il, démontre avec évidence que les lois qui président au renouvellement et au développement de l'argot, malgré les quelques particularités qui lui sont propres, sont les mêmes que celles de la langue commune.

Il a été dit que l'argot des déclassés a surgi en qualité de langage secret créé dans des buts de défense sociale. Quant à l'argot moderne, la majorité des linguistes dont L. Sainéan [47. p. 482] et A Dauzat [45. p. 21], se rangent de l'avis qu'il a perdu son caractère secret à la suite de sa pénétration, devenue particulièrement rapide dès le début du XIXe siè­cle, dans le langage populaire : de là l'affirmation que l'argot comme tel n'existe plus.

Cette vue est mise en cause par P. Guiraud qui insiste sur la fonction cryptologique de certains procédés de renouvellement du vocabulaire ar-. gotique : « ...le milieu, dit-il, continue à forger des mots secrets, mais en donnant une place toujours plus grande aux formes codées. Il est donc inexact de dire qu'il n'y a plus d'argot » [49. p 25]. D. François-Geiger. dans son Introduction au « Dictionnaire de l'argot » (1990) de J -P. Colin et J.-P. Mével, remarque que « ...la fonction cryptique s'accompagne d'une fonction ludique et le plaisir verbal semble même l'emporter ac­tuellement » (pp. XII-XIII). Cette opinion paraît être justifiée vu la péné­tration des vocables argotiques dans tout parler quelque peu relâché. Toutefois la vitalité de l'argot paraît être due avant tout à sa fonction de servir d'indice social. En effet, l'argot offre à l'argotier tout aussi bien la possibilité de s'affirmer, de marquer son appartenance à un groupe social qui se veut à part, qu'un moyen de ralliement avec ses pareils.

Au cours des siècles l'argot des déclassés a fourni au français litté­raire une partie de ses vocables par l'intermédiare du langage populaire.

Certains d'entre eux s'y sont incrustés si profondément qu'ils ont complètement perdu leur valeur argotique. Déjà au milieu du XXe siècle Clément Casciani disait à ce propos : « Nombre d'expressions qui. au XVIIIe siècle, étaient du pur argot figurent aujourd'hui dans le diction-, naire de l'Académie où elles ne font pas trop mauvaise figure. » [49, p. 54]. Qui se douterait aujourd'hui de l'origine argotique des mots tels que abasourdir (de l'ancien basourdir- « tuer »), boniment (tenue de saltim­banque, de bonir-, dire », proprement « en dire de bonnes »). bribe (qui signifiait à l'origine « pain mendié »). dupe (formé de huppe avec l'ag­glutination du d de de), grivois (autrefois « soldat »). polisson (dont le sens primitif est « voleur ». de polir - « voler »).

L'influence de l'argot continue à se faire fortement sentir dans le français national moderne. Certains vocables, sans perdre toutefois leur valeur argotique et populaire, figurent dans les dictionnaires généraux et reçoivent droit de cité sur les pages des œuvres littéraires

Signalons entre autres : becter, bouiotter - « manger ». galette, po­gnon, grisbi - « argent ». toucher la galette - « toucher de l'argent ». agrafer- « empoigner, arrêter ». piaule - « chambre, logement ». pinard - «toute espèce de vin ». plombe ~ « heure ». broquille ~ « minute » (cf. : six plombes et vingt broquilles), mec - « homme, individu quelconque », baffe - « gifle ». baccara - « faillite » (dans l'expression être en plein baccara - « être dans les ennuis jusqu'au cou »). flemme, cosse - « pares-. se »,pote - « camarade, ami ». zig~«. type, individu ». bastringue - « bal de guinguette », frangin, -ine - « frère, sœur », moche - « laid », chouet­te - « beau, bon, agréable », alpaguer, pincer - « appréhender, arrêter » et « mettre la main sur, s'emparer de, saisir qn », bousiller - « travailler mal et vite », ça boume, ça gaze - « ça va, ça va bien », d'enfer, du tonnerre - « sensationnel, excellent ».


§ 83. Les jargons ou argots professionnels. Des argots de clas­se il faut distinguer les jargons ou les argots professionnels. Les argots professionnels sont des langages spéciaux servant des groupes d'indivi­dus pratiquant quelque métier ou profession. De même que les argots de classe les jargons professionnels ne possèdent en propre qu'une partie du lexique ; quant au système grammatical et la prononciation, ils sont ceux de la langue commune. Les argots professionnels comprennent des mots et des expressions destinés généralement à suppléer les mots de la langue commune usités par les représentants de professions et de métiers diffé­rents. Ces mots et expressions sont souvent caractérisés par une nuance émotionnelle, affective.

Les ouvriers possèdent dans chaque corps de métier un argot spé­cial. Il en est de même pour le théâtre et le cinéma, les écoles et autres corporations de gens réunis d'après leurs occupations. Les soldats parlent argot dans la caserne comme les marins sur le navire.

Signalons à titre d'illustration quelques vocables d'origine argotique figurant dans les dictionnaires de type général. Tels sont de l'argot des écoles : boîte - « école », boîte à bachot, bahut - « lycée » ; piocher, chiader, potasser - « travailler avec assiduité » ; diff- « difficile » ; prof - « professeur » ; math élém - « mathématiques élémentaires » ; colle -« exercice d'interrogation préparatoire aux examens » et « question diffi­cile »,pion - « répétiteur », archicube - « ancien élève de l'École nor­male supérieure » : énarque - « ancien élève de l'École nationale d'administration (considéré comme détenteur du pouvoir) », sorbonnard - « étudiant en Sorbonne.

Dans l'armée, qui a son argot très étendu, ont pris naissance : bar­da- « équipement complet du soldat » ; rab(iot) - « ration en supplé­ment » ; perm(e) - « congé accordé à un militaire, permission » ; colon -« colonel », capiston - « capitaine » ; juteux - « adjudant » flingot -« fusil » ; marmite - « obus » ; marmitage - « bombardement » pagnoter, roupiller - « dormir », baroud- « combat » ; taule - « prison militai­re » et beaucoup d'autres. Certains, en passant dans l'usage courant, ont acquis des sens supplémentaires ou bien ont élargi leur emploi. Ainsi go­dillot en plus de « chaussure militaire » s'emploie aussi pour nommer « un inconditionnel, un fidèle qui marche sans discuter » : pinard à partir de « boisson préférée des soldats » s'est largement répandu dans le lan­gage courant où il désigne le vin rouge ordinaire.

Les jargons de classe, les jargons ou argots professionnels de même que l'argot des déclassés sont autant de ramifications de la langue natio­nale commune.

Il ne faut pas confondre avec les jargons et les argots les diverses terminologies et les différents vocabulaires professionnels qui enrichis­sent la langue nationale de termes spéciaux exprimant des concepts nou­veaux.

- Tels sont les termes de médecine : pasteurisation, auscultation, vaccination, insufflation, capillarité, thérapie, diphtérie, albinisme, rhu­matisme, rhinologue, sphygmomanomètre, scannographie. etc. :

- les termes de physique : volt, ampère, irisation, polarisation ;

- les termes de chimie : néon, brome, iode, condenser, carbone ;

  • les termes techniques : électriflcation, aciération, canalisation, dé­raillement, fusionnement, dérouillement. etc., et une multitude d'autres termes.

CHAPITRE III


Mots et calques internationaux dans le vocabulaire du français moderne

§ 84. Caractéristique des vocables internationaux. Les mots in­ternationaux sont ceux qui, faisant partie du vocabulaire de langues diffé­rentes, remontent étymologiquement au même vocable ou aux mêmes éléments de mots et dont la structure sonore et la valeur sémantique sont, par conséquent, proches ou communes.

Il faut ajouter ici les calques internationaux qui sont des mots ou expressions reproduisant la forme interne du mot ou de l'expression de la langue servant de source et à sens analogue.

Les vocables internationaux facilitent l'établissement des rapports culturels entre les peuples de pays différents, c'est pourquoi leur présence dans le vocabulaire d'une langue est utile et leur rôle en tant que moyen de communication est considérable.

Ce sont surtout les diverses terminologies qui sont riches en vocables internationaux.

Signalons tout d'abord la terminologie à valeur sociale et politique qui a un caractère international très accusé : les termes tels que politique, diplomatie, révolution, révolutionnaire, propagande, régime, social, na­tionaliser, centraliser et beaucoup d'autres se retrouvent dans plusieurs langues européennes.

Il en est de même pour la terminologie scientifique, par exemple : géographie, histoire, littérature, chimie, physique, linguistique, mathé­matique, philosophie, abstraction, etc. La terminologie technique com­prend aussi beaucoup de mots internationaux : électricité, électrification, film, radio, machine, automobile, autobus, trolleybus, téléphone, télé­graphe, terminal, site, Internet, tokamak, clonage.

Un grand nombre de vocables internationaux en français contempo­rain sont des emprunts. La première place revient aux emprunts de mots et d'éléments de mots faits aux langues mortes. Le rôle du latin, qui était la langue internationale de la science jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, est particulièrement important. Le latin n'a pas perdu cette valeur jusqu'à présent pour les sciences telles que la médecine, la zoologie, la botani­que, la paléontologie et certaines autres.

De tous temps les langues européennes et en premier lieu les langues romanes s'assimilaient facilement les termes formés d'éléments latins et grecs. C'est pourquoi on faisait le plus souvent appel au latin et au grec lorsque les progrès de la science et de la technique exigeaient la dénomi­nation de quelque concept nouvellement surgi.

Certains éléments de mots, généralement d'origine grecque, sont d'une productivité exceptionnelle. Tels sont : -logue et -logie du gr. logos -« notion, mot, discours, traité », -mètre du gr. metron - « mesure » ; -graphe et -graphie du gr. graphos, graphia de graphein - « écrire » ; télé- du gr. télé - « loin » qui ont fourni de longues séries de vocables internationaux.

Parmi les langues vivantes l'italien et l'anglais ont considérablement enrichi le lexique international. Dans beaucoup de langues les termes de guerre, de marine, de banque, d'architecture et de musique sont de prove­nance italienne, les termes techniques et sportifs d'origine anglaise.

Le français, qui à son tour a servi aux autres langues de source fécon­de d'emprunts, a fourni aussi un grand nombre de vocables internatio­naux. Nommons parmi les plus employés : abordage, agiotage, avance, avant-garde, artiste, attaché, barrière, bourgeois, bourgeoisie, cliché, communiqué, garage, volontaire, trottoir et beaucoup d'autres.

CHAPITRE IV


Éléments nouveaux et archaïques

DANS LE VOCABULAIRE DU FRANÇAIS MODERNE

§ 85. Les néologismes. Généralités. Les néologismes (du gr. neos -« nouveau » et logos - « notion, mot ») sont des mots et des locutions . nouvellement surgis dans la langue, ainsi que des mots anciens employés dans un sens nouveau. Les néologismes reflètent d'une façon manifeste le lien indissoluble qui existe entre la pensée et la langue. Toute notion nouvelle engendrée par la pratique de l'homme dans les multiples domai­nes de son activité reçoit nécessairement une dénomination dans la lan­gue. Ainsi apparaissent les néologismes.

Les néologismes sont non seulement des créations indigènes, des vocables formés par les moyens internes de la langue même, mais aussi des emprunts faits à d'autres idiomes.

Les vocables figurent dans la langue en qualité de néologismes tant qu'ils sont perçus comme y étant introduits récemment. Peu à peu. avec le temps, ils se confondent avec les vocables plus anciens, finissent par ne plus s'en distinguer et perdent ainsi leur valeur de néologismes. Cer­tains d'entre eux. créés dans des buts sensationnels ou représentant des fabrications fâcheuses, sont relégués dans l'oubli presque aussitôt après leur naissance.

Il est fort difficile et le plus souvent impossible d'établir exactement la date de l'apparition d'un néologisme, car l'enrichissement graduel de. la langue est le résultat des efforts réunis du peuple en entier. C'est à l'esprit populaire qu'on est redevable de maintes créations heureuses, souvent plaisantes, telles que amuse-gueule, couche-lard, remue-ménin­ges, grenouillage, touristocrate, diplômite, déboussoler, lézarder (au soleil), moulinette, entrées dans l'usage dans le courant du XXe siècle. Seulement pour certains vocables dont l'auteur est connu on peut indi­quer la date plus ou moins précise de l'apparition. Ce sont pour la plupart des ternies scientifiques et techniques qui, devant être précis par excel­lence, contiennent souvent leur propre définition comme, par exemple, oxygène (« propre à engendrer les acides ». du gr. oxus - « acide » et gennân - « engendrer ») créé en 1786 par A. Lavoisier : sociologie formé en 1830 de société et du gr. logos - « discours ». « traité » par A. Comte sur le modèle de mots savants comme biologie, géologie, etc. : cinémato­graphe créé au début du XXe siècle par les inventeurs, les frères Lumière, du gr. kinêma - « mouvement » et graphein - « écrire » et vulgarisé sous la forme de cinéma et ciné. Le mot socialisme était formé dans les années 30 du siècle dernier par le socialiste-utopiste P. Leroux, et encore son sens n'était-il pas très précis. P. Ronsard était convaincu d'avoir créé le mot ode. mais en réalité, ce mot était déjà employé avant lui.

Les innovations lexicales servent avant tout à donner un nom aux objets et aux concepts nouveaux ; ce sont des néologismes dénominatifs. Il faudrait leur opposer les néologismes expressifs qui répondent non pas à la nécessité de fixer des phénomènes nouveaux, mais au besoin d'ex­pression affective et appréciative (cf. : idéologisation, d'une part, et lava­ge de cerveau, de l'autre).

On distingue les néologismes l i n g u i s t i q u e s et les néologismes i n d i v i d u e l s (dits stylistiques ou hapax). Les premiers sont le patri­moine de toute la nation et font partie du vocabulaire de la langue. Les derniers sont des inventions individuelles créées généralement par des écrivains dans des buts esthétiques comme moyen d'expression littérai­re ; les créations individuelles n'appartiennent pas à la langue nationale, n'étant compris que dans le texte où ils sont employés et auquel ils res­tent attachés.

Cependant les néologismes stylistiques les mieux réussis ont toutes les chances de passer dans le vocabulaire de la langue nationale : tel a été le sort de s'égosiller créé par Molière, de mégère introduit au sens figuré par Saint-Simon ; c'est à V. Hugo qu'on doit hilare et gavroche et à H. de Balzac gâterie.


Il est à signaler que les néologismes linguistiques peuvent être aussi bien dénominatifs qu'expressifs, alors que les néologismes stylistiques sont pour la plupart des néologismes expressifs. Ainsi les néologismes se différencient selon les fonctions qu'ils remplissent dans le processus de communication.

Les néologismes ne passent pas toujours sans encombre dans la lan­gue nationale. De tout temps ils ont été freinés par les puristes.

En France le mouvement puriste atteint son apogée au XVIIe siècle. En ce siècle d'ordonnance et de clarté les défenseurs « du bon usage » condamnaient tout néologisme au nom de « la belle harmonie » du fran­çais qui à leurs jeux avait atteint la perfection. S'il avait été possible de suivre cette voie le français serait devenu « langue morte ».

À la tête du mouvement puriste s'est toujours trouvée et se trouve jusqu'à présent l'Académie française. En 1937, auprès de l'Académie, a été fondée une commission spéciale « L'office de la langue française » qui avait pour fonction de faire « le choix » des mots, de rejeter les néologis­mes « trop hardis ». Cependant le besoin de communiquer des idées nouvelles impose forcément à la langue les créations les plus heureuses Au XVIIe siècle on critiquait en tant que néologismes les mots exactitude, gra­titude, emportement, accablement qui sont aujourd'hui dans toutes les bou­ches. À propos de à présent Vaugelas écrivait : « Je sais bien que tout Paris le dit et que la plupart de nos meilleurs écrivains en usent : mais je sais aussi que cette façon de parler n'est point de la cour, et j'ai vu quelquefois de nos courtisans, hommes et femmes, qui, l'ayant rencontré dans un livre d'ailleurs très élégant, en ont soudain quitté la lecture, comme faisant par là un mauvais jugement du langage de l'auteur. On dit : à celte heure, main­tenant, aujourd'hui, en ce temps, présentement. »

Encore au milieu du XXe siècle on pouvait voirblâmer fortuné, acci­denté au sens de « victime d'un accident», dévisager au sens de « regar­der», débaucher dans « débaucher des ouvriers » qui de fait étaient déjà d'un usage courant.

Signalons cependant que seulement une partie des néologismes sur­vit dans la langue La langue qui se développe d'après ses propres lois ne se laisse guère imposer des créations baroques dues à la mode ou à quel­que tendance passagère. Ces mots sont, en règle générale, voués à la mort

Seuls les néologismes d'une bonne frappe, formés d'après les lois du développement de la langue et répondant aux exigences de la société, méritent véritablement d'être acceptés Les vocables nouvellement créés sont surtout nombreux aux époques des grands changements et des bou­leversements produits à l'intérieur de la société sans que toutefois cette abondance de néologismes se fasse ressentir sur le système même de la langue.

§ 86. Le rôle de la Révolution française dans le renouvellement et la démocratisation du vocabulaire. La Révolution française du XVIIIe siècle, dont une des œuvres capitales a été la libération des esprits des contraintes linguistiques imposées parles régulateurs rigoureux du siècle du classicisme, a déclenché la démocratisation de la langue française qui se poursuit jusqu'à nos jours. C'est durant cette période mouvementée que font leur apparition des mots tels que activer, alarmiste, centraliser, centralisation, propagande, réquisition, polytechnique, guillotine, guillo­tiner, carmagnole : à côté de révolutionnaire sont créés contre-révolu­tionnaire, ultra-révolutionnaire. Certains mots s'approprient un sens nou­veau : ainsi démocratie n'était auparavant qu'un tenue d'antiquité : pendant la Révolution il signifie, selon la définition de Robespierre « un Etat où le peuple souverain, guidé par les lois qui sont son ouvrage, fait par lui-même tout ce qu'il peut bien faire, et par des délégués tout ce qu'il ne peut faire lui-même»; le mot patriote était un synonyme de compatriote, a été popularisé au sens d’« homme fidèle au régime existant » : réaction n'était auparavant qu'un tenue de physique, après la Révolution il est devenu un ternie politique voulant dire « les ennemis de la révolution » et la réaction royaliste était un emploi nouveau : de réaction on a formé réactionnaire qui a éliminé réacteur de la même époque.