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Добавлен: 05.08.2024
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СОДЕРЖАНИЕ
§ 12. Caractéristique phonétique des mots en français moderne.
§ 58. Remarques préliminaires.
§ 73. La langue nationale et les dialectes locaux. Généralités.
§ 78. L'influence des parlers locaux sur le français national.
Mots et calques internationaux dans le vocabulaire du français moderne
Éléments nouveaux et archaïques
Des mots empruntés aux langues étrangères sont souvent dégradés : habler (empr. de l'esp.hablar-«. parler ») a le sens de « parler beaucoup en se vantant » (cf. : hâblerie, hâbleur, -se) ; rosse (empr. de l'ail. Ross -« coursier ») signifie « mauvais cheval » ; palabre (empr. de Pesp.palabra - « parole ») - « discours long et ennuyeux ».
Parfois la dégradation du sens est due à ce que l'objet ou le phénomène désigné par le mot évoque des associations négatives. Ainsi, oiedevient le synonyme de « personne sans intelligence » ;sale - signifie « qui blesse la pudeur » danssales paroleset a le sens de « contraire à l'honneur » dans unesale affaire ; fanges'emploie comme synonyme de « vie de débauche » ;bourbier prend le sens de « embarras » etpourricelui de « grande corruption morale ».
La dégradation du sens des mots est souvent causée par leur emploi euphémique.
Un e u p h é m i s m e est un mot ou une expression employé à dessein afin d'éviter l'évocation d'une réalité désagréable ou choquante. L'emploi euphémique d'un mot aboutit à la modification de la structure sémantique de ce dernier.
Par superstition religieuse ou autre on a parfois évité de prononcer les mots désignant la mort, certaines maladies, des choses « sacrées ». C'est ainsi que le verbe mourir est remplacé par passer, trépasser, décéder, s'endormir, rendre l'âme, partir, s'en aller, disparaître, quitter le monde, quitter les siens, fermer les yeux, s'endormir du sommeil de la tombe. Au lieu d'epilepsie on dit le haut mal ou bien le mal caduc.
Outre les euphémismes de superstition il y a des euphémismes de politesse ou de décence. Les euphémismes de décence sont des vocables au moyen desquels on adoucit un terme, une expression trop réaliste. Il est plus poli de dire simple, innocent, benêt que bête ; inventeroudéformer la véritésont moins choquants quementir ; au lieu desoûlon préfère direun peu gris,gai, gaillard, attendri, ému, n 'avoir pas été complètement sage. En argot au lieu de direvoleron emploiera de préférencecommettre une indélicatesse, travailler, opérer, acheter à la foire d'empoigne, ne pas avoir les mains dans les poches.
Les mots peuvent subir une évolution sémantique opposée ; ils peuvent améliorer leur sens, s'ennoblir. Toutefois ces cas paraissent être moins fréquents.
La nuance péjorative que certains mots possédaient à l'origine s'est estompée ou s'est effacée complètement. Tel est le cas de bagnole qui s'emploie de plus en plus souvent au sens neutre d'« automobile ». Bouquin a suivi la même voie : de « livre de peu de valeur » il est parvenu à désigner n'importe quel livre.
Ce sont parfois des mots 'dont le sens primitif est neutre et qui au cours de leur développement prennent une nuance favorable Un cas intéressant est offert par l'évolution sémantique du mot bougre qui provient du latin Bulgarus ou autrement dit « un Bulgare ». Parmi les Bulgares on comptait un grand nombre d'hérétiques. De là le mot bougre a signifié « hérétique » : du sens d'« hérétique » on en est venu au sens d"« homme débauché ». et encore de « fripon, filou » : pourtant plus tard la nuance péjorative du mot s'est affaiblie et il a commencé à se nuancer favorablement ; aujourd'hui on dit C'est un bon bougre ! dans le sens d'« homme à cœur ouvert, franc et sympathique ». L'adverbe bougrement exprime le degré supérieur de la manifestation d'une qualité : C'est bougrement joli Le mot chien a subi une évolution analogue. Au sens figuré ce mot a été marqué d'une nuance défavorable (cf. : « Chien de philosophe enragé ». M o 1 i è r e). On dit encore aujourd'hui avoir une humeur de chien, il fait un temps de chien. Mais au XIXe siècle le mot chien commence à prendre une valeur positive : et on dit familièrement avoir du chien pour « avoir du charme »
§ 28. L'affaiblissement et l'intensification du sens (hyperbole et litote).L'affaiblissement du sens est une conséquence de l'emploi abusif, hyperbolique des mots ; il présente un moyen affectif de la langue.
Les hyperboles sont bien fréquentes parmi les formules de politesse On dit être ravi, être enchanté défaire la connaissance de qn sans prendre les mots à la lettre. On exagère sans trop le remarquer lorsqu'on dit c 'est assommant, esquintant, crispant, tuant, rasant pour « c'est ennuyeux ! » ou bien il y a des siècles, il y a toute, une éternité qu 'on ne vous a pas vu pour « il y a très longtemps qu'on ne vous a pas vu ». Très imagées sont aussi les hyperboles telles que aller comme le vent, marcher comme une tortue, verser un torrent de larmes.
L'emploi des termes exagérés est souvent une affaire de mode Kr. Nyrop signale que « les courtisans du temps de Henri 111 abusaient des adverbes divinement, extrêmement, infiniment ». Nous employons des hyperboles en disant : C'est prodigieux ' C'est renversant ! C'est épatant ! C 'est formidable, spectaculaire, sensationnel, époustouflant ' C 'est super, extra, géant, génial!
À force d'être constamment répétées les hyperboles finissent par s'user : elles perdent leur valeur expressive et. par conséquent, leur affectivité. Nous assistons alors à l'affaiblissement de leur intensité émotionnelle, autrement dit à l'affaiblissement du sens. Ainsi le verbe blâmeravait primitivement le sens de « proférer des blasphèmes, maudire ». et dans ce sens il s'employait souvent comme hyperbole : à présent l'hyper-bole n'est plus sentie et ce mot s'emploie dans le sens de « désaprouver ; reprocher ». Autrefois le substantifennuidésignait « une grande souffrance ». et aujourd'hui « une lassitude morale ». Lagênesignifiait « torture » etgêner- « torturer ».Meurtriravait le sens de « tuer ». comme l'atteste encoremeurtreetmeurtrier.
Par contre, lorsque nous voulons faire entendre le plus en disant le moins nous employons une litote (du gr. . litotes- « petitesse ») qui signifie « diminution ». Au lieu deil est intelligenton ditil n 'est pas bête: en parlant d'une pièce ennuyeuse on ditqu 'elle n 'est guère amusante: pour ne pas blesser une femme d'un âge avancé on diraqu'elle n 'est plus jeune. On atténue l'idée dansil est peu recommandable, oùpeu équivaut à « pas du tout ». La locutionpas du tout,nettement péremptoi-re. peut être aussi remplacée parpas vraiment.
Les litotes, qui présentent un procédé affectif opposé à l'hyperbole, amènent à l'intensification du sens des mots.
§ 29. Les modifications du signalement. Les modulations dans la structure de la signification lexicale ne se bornent pas aux transformations que subit le contenu idéal, elles atteignent les emplois traditionnels et stylistiques, autrement dit. le signalement des vocables.
L'usage varie au cours des siècles On ne dira plus comme au temps de Gace Brûlé :
« Or ne haïs rien tant que le jour, Ami, qui me départ de vous ».ou bien .
« Quand je gis au dedans du lit... ».
quoique les verbes départir et gésir aient gardé les sens de « séparer » (départir l'or de l'argent) et « être couché » (il gisait sur le sol) Les mots ouïr, chef («tête ») d'un usage courant jusqu'au XVI siècle, ne sont possibles que dans certaines tournures : j 'ai oui dire que. se couvrir le chef.
A chaque époque il y a des fluctuations quant à l'emploi des mots. l'heure actuelle les tournures dans le but de, fixer quelqu 'un, avoir très faim, il n'y a pas que des hommes suscitent des discussions. Peut-être verra-t-on s'imposer des emplois tels que arrêter de faire qch, excessivement bien condamnés encore par les dictionnaires soucieux du bon usage.
Notons aussi la variabilité dans le temps des caractéristiques stylistiques des vocables. Par exemple, dans le Petit Larousse de 1952 les verbes envisager (envisager une question}, l'expression se brûler la cervelle ont la marque « fam. » qui est absente déjà dans l'édition de 1960 ; avoir de la veine - « avoir de la chance ». rouspéter - « protester, maugréer » qualifiés de populaires dans l'édition de 1 952 figurent également comme familiers dans celle de 1960 et les suivantes. Signalons encore dégouliner en douceur - « doucement » (une voiture démarre en douceur), accrocher qn (accrocher qn au passage), arpenter - « marcher de long en large ». assommer qn - « ennuyer, importuner ». astronomique - « très élevé, exagéré » (des prix astronomiques) qui depuis peu ne portent plus la marque « fam. » dans les dictionnaires.
Un cas particulièrement représentatif est offert par l'expression en avoir ras le bol encore récemment perçue comme indécente (vu le sens argotique de bol - « postérieur »), mais couramment employé aujourd'hui : son dérivé le ras-le bol - « le fait d'en avoir assez » - semble avoir été rangé d'emblée parmi les mots stylistiquemcnt neutres.
À partir du milieu du XXe siècle on assiste à un mouvement accéléré de neutralisation du français qui se manifeste par « un abaissement des barrières entre les divers niveaux de la langue » [17, p, 57J. Des vocables de plus en plus nombreux franchissent les limites d'un style fonctionnel qualifié de « vulgaire » pour pénétrer dans la langue parlée qui pourrait être qualifiée de « niveau neutralisé de la langue » [17. p. 56].
§ 30. Grammaticalisation et lexicalisation. L'évolution sémantique peut conduire, d'une part, à lagrammaticalisation de mots pleins et. d'autre part, aune lexicalisation des formes grammaticales. Lagrammaticalisation suppose la transformation graduelle d'une signification individuelle, donc lexicale, en une signification catégorielle d'ordre grammatical, alors que la lexicalisation repose sur un processus inverse.
Ainsi pas mal de mots-outils du français moderne sont d'anciens mots autonomes à sens lexical. L'histoire de la langue française nous fournit une quantité d'exemples de ce genre. Il est connu que l'article indéfini un, une provient de l'adjectif numéral latin unum > un : unam > une.
Les particules de négation suivantes étaient tirées de substantifs qui ont reçu le sens négatif du XIIe au XVIe. : pas <passum - « un pas ». rien < rem - « une chose », personne <personam - « une personne ». point < punctum - « un point », goutte < gutta - « une goutte ».
Plus récente est la formation de certaines prépositions qui sont d'anciens participes présents ou passés : durant, pendant, concernant, excepté, vu, hormis (« excepté »).
Le processus contraire peut être illustré par l'exemple classique de sireetseigneurqui remontent à des formes différentes du mot latinsenior : sireprovenant de sa variante familièreseioretseigneurdesenio-rem. accusatif desenior.
§31. Sur les causes de l'évolution sémantique des vocables. L'évolution sémantique des vocables s'effectue sous l'action de facteurs divers. Ces facteurs sont d'ordre extra-linguistique et linguistique.
Parmi les facteurs extra-linguistiques il faut nommer avant tout les changements survenus au sein de la société transformations sociales, progrès culturel, scientifique et technique ; ici viendront se ranger les emplois des mots dans une sphère nouvelle de l'activité humaine, emplois dus à la différenciation de la société en couches sociales, groupes professionnels, etc.
Les transformations sociales, rapides ou lentes, sont des stimulants actifs de l'évolution sémantique des mots. Le tracé des modifications sémantiques d'un grand nombre de vocables présentent autant de repères marquant successivement des étapes historiques distinctes.
Les mots bourgeois et bourgeoisie n'avaient point à l'origine le sens qu'ils ont aujourd'hui. « Le bourgeois, dit M. Schône. fut à l'époque féodale l'habitant du bourg, par opposition, d'une part, au vilain, l'habitant de la villa du maître et travailleur de la terre, et d'autre part, à ce maître lui-même, le seigneur » [18. p. 77], Vers l'époque de la Révolution française le mot bourgeoisie désignait une classe sociale progressiste et avait une valeur positive. Ce mot. qui nomme à l'heure actuelle la même classe acquiert parfois une nuance défavorable aux yeux des masses laborieuses.
Le progrès dans l'instruction générale est attesté par le mot librairie qui désignait au Moyen Âge « une bibliothèque » et alors que de nos jours c'est un magasin où Ton vend des livres.
Les découvertes scientifiques, les acquisitions techniques se répercutent dans le système sémantique d'un grand nombre de vocables. Fusée à côté des sens tels que « fil enroulé surun fuseau ». « pièce d'artifice » et autres a reçu celui d'« engin cosmique » ; antenne du sens de « vergue oblique soutenant une voile » a passé au sens de « dispositif servant à l'émission et à la réception des ondes électromagnétiques » : chaine en partant de l'idée de « continuité » a désigné dans un atelier une sorte de chemin roulant (travail à la chaîne) et aussi l'ensemble des stations ra-diophoniques émettant le môme programme (chaîne nationale).
L'emploi d'un mot dans une sphère nouvelle de l'activité humaine est aussi suivi de la modification de la structure sémantique des mots. Ce phénomène remarqué pour la première fois par M. Bréal a été mentionné depuis dans beaucoup d'ouvrages. En effet, en changeant l'aire de son emploi un mot peut prendre un sens soit plus général, soit plus spécial. Tel est le cas de beaucoup de vocables qui ont passé de la langue commune dans quelque terminologie ou jargon. Le mot virage dont le sens général est « action de tourner, de changer de direction » a reçu plusieurs sens spécialisés comme terme de photographie, de marine, de médecine. À partir du sens général « forme, méthode » le motmodes'emploie dans des acceptions particulières en grammaire et en musique (mode majeur, mode mineur). Dans le jargon des écoles les motscoller, piocher, sécherprennent des sens particuliers.
Un mouvement contraire est aussi à signaler. Avec l'enseignement obligatoire qui a amené l'initiation d'un public toujours plus large au progrès technique et scientifique un nombre considérable de termes a reçu un emploi commun. Ainsi, cinéma, micro, enregistrer, téléphone, radio, avion, moteur, speaker, gaz, électricité, ordinateur, minitel, logiciel, puce, télex, scanner , Internet sont parmi les mots de haute fréquence.
Il peut y avoir aussi passage d'un mot d'une terminologie dans une autre. Beaucoup de ternies d'aviation ont été adopté par la terminologie maritime : escale, baliser, pilote, carlingue, passager, hélice, etc.
Les facteurs linguistiques sont tout aussi importants que les facteurs extralinguistiques, quoique moins étudiés. Des études intéressantes n'ont été amorcées que depuis quelques dizaines d'années et encore ne permettent-elles pas de sérieuses généralisations. Ce sont, en particulier, des ouvrages consacrés à l'influence réciproque des mots sémantiquement apparentés, formant des champs conceptuels et des séries synonymiques.
Toutefois de nombreux dépouillements restent à faire qui permettront de juger plus exactement du lexique français en tant que système.
Parmi les facteurs linguistiques il faudrait distinguer ceux qui agissent au niveau de la langue-système et ceux qui appartiennent au niveau de la parole. Au niveau de la langue nommons :
1. L'interaction des mots sémantiquement apparentés. Ce phénomène a été mentionné à plusieurs reprises à partir de A Darmesteter. En effet, les vocables sont associés par de multiples liens sémantiques déterminant leur place, leur fonctionnement et leur évolution ultérieure dans la langue. Les modifications sémantiques que subit un vocable rejaillissent généralement sur d'autres vocables unis au premier par des rapports variés. Ainsi on peut observerun mouvement sémantique parallèle dans les mots à sens proche. Dans l'ancien français les verbes songer et penser avaient des sens différents : le sens principal de penser était le même qu'aujourd'hui, alors que songer voulait dire « faire un songe, un rêve » Au XVIe siècle songer avait acquis le sens de penser, en tant que synonyme de ce dernier il s'employait dans les mêmes constructions, sans complément :
Par trop songer, cerveau ronger (Leroux de Li nc y); suivi de la préposition à :
... mais à quoi songeait-il, quand il définit l'homme « un anima] à deux pieds, sans plumes» (Montaigne) ;
avec la préposition en qui disparaît également pour l'un et l'autre verbe vers le XVIIe siècle. Par la suite le développement sémantique des verbes songer et penser suit des voies parallèles : les deux verbes reçoivent dans la construction avec la préposition à, suivie d'un infinitif, le sens d'« avoir l'intention, le dessein de faire qch » :
Le temps était très mauvais. Annette ne pensait pas à sortir de l'après-midi (Rolland).
et
.. .pas une seconde je n 'ai songé à vous retirer mon estime. (Tr oyat)
Le verbe songer acquiert, dans la construction avec la conjonction que.un sens synonyme à l'un des sens secondaires du verbepenser, celui de « supposer » : ce sens est rendu par ces deux verbes dans le français contemporain :
J'ai pensé que tu avais peut-être besoin de compagnie. (Sartre)
Pas un moment où ces maîtres excellents ne songeaient que parmi leurs élèves, dût se trouver un écrivain ou un orateur. (Re n an)
La modification du sens d'un mot peut aussi se répercuter sur l'évolution sémantique d'un mot à sens opposé. L'adjectif noble étant appliqué au XVIIe siècle aux oiseaux de proie qui servaient à la chasse, ignoble a désigné désormais tous les autres oiseaux.
2. L'interdépendance des mots faisant partie de la même famille étymologique. L'expression perle orientale a commencé à s'employer au sens de « perle brillante ». les perles orientales étant réputées pour leur éclat : il en résulte qu'orient reçoit à son tour le sens d'« éclat » dans l'orient d'une perle. Au XVIIe siècle le verbe songer a signifié « s'abandonner à la rêverie » sous l'influence des mots de la même famille : songerie - « rêverie, chimère » (déjà au XVe siècle), songe - « rêve. rêverie » (à partir du XVIe siècle), songeur - « celui qui s'abandonne à la rêverie » (depuis le XVIe siècle).
Toutefois la parenté étymologique n'implique pas obligatoirement la conformité sémantique ce qui est dû au caractère asymétrique de l'évolution de la langue. Ceci a été démontré par 0. Duchacek dans son étude spéciale consacrée au champ conceptuel de la beauté [ 19. p. 319]. Citons en guise d'exemple charme, charmes et charmant qui recèle l'idée de beauté, alors que charmer, charmeur, charmeresse en sont dépourvus.
3. L'influence des mots à sonorité similaire. Citons l'exemple de saligaudqui a pris le sens de « personne malpropre au physique et au moral » sous l'influence desale, auquel il se rattache aujourd'hui, quoique historiquement il provienne du surnomSaligot.
Au niveau de la parole on pourrait signaler l'influence réciproque des mots associés par un rapport de contiguïté. Les mots constamment agencés les uns aux autres dans l'énoncé sont sujets à la contagion sémantique. Ce phénomène est souvent accompagné de l'ellipse. C'est ainsi que sont apparus dépêche de dépêche télégraphique, ligne de ligne de pêche, bâtiment de bâtiment de mer : dans faire la tête on sousentend faire la tête boudeuse, dans le vin dépose - le vin dépose un résidu : pour un Parisien le Bois de Boulogne devient le Bois.
Telles sont à grands traits les causes essentielles de l'évolution sémantique des vocables.
CHAPITRE II
LA FORMATION DES MOTS
§ 32. La formation des mots et son rôle dans l'enrichissement lexical. La formation des mots est à côté de l'évolution sémantique une source féconde de l'enrichissement du vocabulaire français. La langue française « a perdu, au cours des siècles, un grand nombre de mots ; en compensation, avec une intensité de vie plus ou moins grande selon les périodes, elle a constamment enrichi son vocabulaire ... surtout, par la création de termes nouveaux » [20. p.77]. Tout comme l'évolution sémantique la formation des mots nouveaux sert avant tout à la communication de nos idées et de nos sentiments. Elle est aussi largement utilisée dans des buts expressifs, comme moyen stylistique. Parmi les causes de la formation des mots nouveaux il faut nommer en premier lieu les changements perpétuels survenus à l'intérieur de la société, les innovations multiples qui exigent une dénomination. L'absence du mot voulu en nécessite la création. Cette dénomination nouvelle, à condition d'être réussie et de répondre aux besoins de la communication, atoutes les chances de s'imposer à la société et de devenir, par conséquent, un mot de la langue.