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Добавлен: 05.08.2024
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СОДЕРЖАНИЕ
§ 12. Caractéristique phonétique des mots en français moderne.
§ 58. Remarques préliminaires.
§ 73. La langue nationale et les dialectes locaux. Généralités.
§ 78. L'influence des parlers locaux sur le français national.
Mots et calques internationaux dans le vocabulaire du français moderne
Éléments nouveaux et archaïques
La distinction entre les sens et les emplois sémantiques n'est pas toujours aisée, elle devient un véritable problème pour les mots à valeurabstraite où les limites entre les notions sont estompées. D'où les divergences d'un dictionnaire à l'autre dans la présentation des sens de mots tels que faire, prendre, mettre, aller, etc. La difficulté augmente lorsqu'on confronte les structures sémantiques des mots respectifs dans les langues différentes. La traduction d'un mot d'une langue par des mots distincts dans une autre langue donne l'illusion d'avoir affaire à plusieurs sens. En réalité il n'en est rien. Pour le verbe accomplir nous aurons le même sens dans « accomplir un stage de perfectionnement », « accomplir un record » ou « accomplir un devoir », quoiqu'à ces emplois correspondent des mots russes différents : «пройти переподготовку». «установить рекорд», «выполнить задание» [16, c. 82].
Les sens des mots appartiennent au système de la langue, alors que les emplois sémantiques en sont les réalisations directes (accomplir un devoir) ou imagées (recevoir le chapeau) dans la parole.
Aux emplois sémantiques normatifs s'opposent les emplois sémantiques individuels. Dans l'exemple :
« Cet homme filait l'iniquité comme l'araignée sa toile. » (Fr an c e)
l'auteur place le verbe filer dans un contexte individuel. Il en est de même pour tamiser dans :
«...elles surent d'un tacite accord s'effacer, parler moins, tamiser leur pensée. » (Ro 11 an d)
Dans faire vibrer, toucher la corde sensible le sens de corde employé au figuré (ce qui est sensible en nous) appartient à la langue, alors que le même mot dans la citation ci-dessous est utilisé dans une acception individuelle :
« ...ô merveilleuse indépendance des regards humains, retenus au visage par une corde si lâche, si longue, si extensible qu 'ils peuvent se promener seuls loin de lui ». (M. Proust)
Les emplois individuels n'affectent pas la structure sémantique desmots. N'étant pas admis par les sujets parlants, par la société en entier, ilsn'appartiennent pas à la norme linguistique, mais restent confinés dans laparole individuelle. Comme tels les emplois individuels n'intéressent pasla lexicologie : étant des moyens expressifs ils ressortissent àla stylistique.Cependant les emplois occasionnels peuvent exercer une influence sur ledéveloppement sémantique des mots ; à condition de recevoir un usagecourant. ils peuvent passer au niveau de la norme et par la suite devenirdes significations nouvelles. C'est grâce à ses emplois métaphoriques individuels que le verbe accrocher a. d'un côté, élargi ses emplois normatifs (accrocher une voiture) et a reçu le sens abstrait « importuner vivement ».(s 'accrocher à quelqu 'un), de l'autre.
§ 21. Les différents types de sens. Les sens des mots se laissent classer d'après quelques types essentiels.
Tout mot polysémique possède un sens propre et des sens dérivés. Examinons en guise d'exemple le mot bouche < lat. pop. bue-ça ; les significations les plus importantes de ce mot sont : 1) cavité située au bas du visage et qui sert à parler, à manger ; 2) ouverture (d'un four, d'un canon, du métro) : 3) pi. embouchure (d'un fleuve). Les deux derniers sens peuvent être historiquement ramenés au premier signalé ; ils doivent être considérés comme en étant dérivés. 11 en va autrement pour le premier sens qui n'aboutit à aucun autre : ce premier sens sera le sens propre du mot bouche. Pourtant le sens propre d'un mot dans la langue moderne n'est point son sens primitif. Le sens propre est une catégorie historique. Il peut se déplacer au cours de l'évolution du mot. Tel est précisément le cas du mot bouche qui désignait originairement, dans le latin populaire. « la joue » : c'était alors le sens propre du mot. La disparition du sens originaire de « bouche » a été suivi du déplacement de son sens propre. Donc, le sens propre 'd'un mot est celui lqui ne se laisse historiquement ramener à aucun de ses sens actuels, alors que 1 e s sens dérivés remontent directement ou indirectement au sens propre. Le sens propre et les sens dérivés d'un mot ne peuvent être dégagés qu'à la suite d'une analyse diachronique.
Dans la synchronie on distingue 1 e sens principal et les sens secondai re s d'un mot polysémique. Le sens principal, étant le plus usité à une époque donnée, constitue la base essentielle du développement sémantique ultérieur du mot. Il peut coïncider tantôt avec son sens] propre, tantôt avec le dérivé. Le sens propre du mot soleil - « astref lumineux au centre des orbites de la Terre et des planètes » en est aussi! le sens principal ; les autres sens de ce mot. tels que « pièce d'artifice^quil jette des feux en forme de rayons » ou « fleur jaune, appelée autreweaf tournesol ». sont à la fois des sens dérivés et secondaires. Il en est aotr ment pour le mot révolution dont le sens principal, en tant que t politique, coïncide avec un de ses sens dérivés (le sens propre étant « mou| vement d'un corps parcourant une courbe fermée »). Le sens principe du mot. tout comme son sens propre, est une catégorie historique. Jus qu'au XVIe siècle le sens propre du substantif travail - « tourment, cha grin. peine » était également son sens principal. Plus tard il s'est déplac et a coïncidé avec le sens dérivé - « besogne, ouvrage ». Puisque le plv employé, le sens principal dépend moins du contexte que les sens secoij daires.
On distingue aussi 1 e s sens phraséologiquement liés s'opposent aux sens dits libres. Les sens propres des mots table, chaise,mur, homme, animal sont libres quant à leur faculté de se grouper, de s'employer avec d'autres mots. L'emploi de ces mots avec les autres dépend exclusivement des notions qu'ils expriment et de la faculté de ces notions de s'associer à d'autres notions (d'après les lois de la logique et les lois régissant les liens possibles entre les phénomènes de la réalité). On peut dire une table de bois, de marbre, de métal, etc.. car ces agencements correspondent aux liens possibles entre les objets alors qu 'une table d 'air, de feu serait en contradiction avec les liens existant dans la réalité. Le fonctionnement de ces mots n'est guère entravé par l'usage, la tradition linguistique, il ne dépend nullement de la norme. Par contre, le mot remporter qui s'emploie dans remporter un grand succès serait déplacé dans remporter une grande réussite quoique réussite soit un synonyme de succès ; on dit une question délicate, un sujet délicat sans qu'il soit possible de dire un récit délicat, un contenu délicat. Ch Bally remarque qu'on dit désirer ardemment et aimer éperdument et non aimer ardemment, désirer éperdument. On peut choisir entre la peur le prit, la peur le saisit, la peur s 'empara de lui. tandis, que la peur le happa ou l'empoigna serait ridicule.
Certains dictionnaires d usage présentent une liste de solécismes. Ils recommandent de dire un accident grave, avoir grand soif et non un accident sérieux, avoir très soif, il est préférable de dire prendre conscience de la gravité de la situation que réaliser la gravité de la situation, être indifférent à l 'égard de la religion qu'envers la religion. Donc, les mots ont souvent un emploi restreint, déterminé par l'usage, la tradition linguistique. On dira de ces mots qu'ils possèdent un sens phraséologiquement lié.
Cette tradition d'emploi des mots revêt un caractère national : elle ['n'est pas la même dans les langues différentes. L'équivalent russe de feuilles mortes sera «сухие листья» et de fleurs naturelles - «живые цветы». Une anecdote raconte qu'une Anglaise en voyage à Paris demanda à un chauffeur de taxi : « Êtes-vous fiancé ? ». Elle reproduisait mécaniquement la tournure anglaise « Are you engaged ? » où le participe signifie également « engagé » et « fiancé ».
Il arrive que les sens dépendent de la construction syntaxique où le pnot est employé. Ces sens pourraient être qualifiés de syntaxiquement déterminés. Il suffit parfois d'une préposition pour changer le isens d'un mot. C'est ainsi que le verbe témoigner suivi d'un complément direct a le sens de « manifester, exprimer » (témoigner sa sympathie, son mamour. etc.) ; le même verbe exigeant le complément indirect et employé pavée la préposition de veut dire « attester » (Cette action témoigne de son wcourage).
Applaudir signifie « battre des mains ». applaudir à a le sens de « approuver, louer », s'applaudir de correspond à « se réjouir, se féliciter ». Participer à c'est « prendre part à quelque chqse » (participer à un travail, à un mouvement quelconque) ; participer de signifie « se rapprocher de quelque chose ou lui ressembler en partie » (le mulet participe du cheval etdel 'âne). On emploie succomber sous devant un mot qui renferme une idée d'oppression (succomber sous le faix des douleurs), succomber à veut dire « ne plus pouvoir résister, céder à une force supérieure » (succomber à la tentation, à la fatigue, au sommeil). Il ne faut pas confondre aspirer et aspirer à. manquer à et manquer de. rire et se rire de, etc.
Parfois la présence ou l'absence d'un article est le signe d'un sens particulier : tenir tête a un autre sens que tenir la tête, donner raison que donner une (la) raison, etc. Le verbe faire dans le sens d'« imiter, faire semblant de » exige devant le substantif qui le suit l'article défini -.faire le brave, faire le méchant, faire le mort. Le mot peut prendre une acception spéciale selon la place qu'il occupe par rapport au mot qu'il détermine. Ainsi grand a des sens différents dans un grand homme et un homme grand ; un homme honnête et un honnête homme ne sont pas des équivalents sémantiques ; il en est de même pour un méchant livre (= mauvais) et un livre méchant, un maigre repas (= peu abondant) et un repas maigre (= avec peu de gras), unefière allure (= noble) et une allure fière (= hautaine), un triste dîner (= médiocre) et un dîner triste (= qui n'est pas gai).
Il serait utile de distinguer entre les sens directs et les sens (ou « em-plois ») figurés des mots Pris dans leur sens direct les mots servent avant tout à dénommer. Tels sont bras et tête dans « prendre dans ses bras » et « les bras d'un fauteuil », dans « une jolie tête » et « la tête d'un, clou ». Les sens figurés tendent à caractériser les phénomènes de la réalité. ils sont employés à des fins expressives ; ce sont des images qui semblent se superposer sur les nominations directes. Dans éclipser ses. rivaux le verbe éclipser, qui est une image, recèle une connotation expressive dont son synonyme surpasser (surpasser ses rivaux) est dépourvu.
À la longue l'image peut s'user, et les mots, dépouillés de leur an-.; cienne expressivité, deviennent des dénominations directes et immédiat! tes des objets et des phénomènes de la réalité. La sécheresse du cœur et la dureté de l'âme ne sont guère plus expressifs que la bonté du cœur ou la générosité de l'âme.
§ 22. Le mécanisme de l'évolution sémantique des vocables. La signification étant un phénomène socio-linguistique et logico-psychologique. le procès sémantique doit être examiné sous ces deux aspects.
Envisagée sous l'aspect socio-linguistique, l'évolution sémantique est la promotion d'une acception individuelle au niveau de la langue. Toute modulation sémantique se manifeste par l'extension des possibilités combinatoires des mots dans la parole individuelle. Pour s'incorporer à la structure sémantique du mot l'innovation sémantique doit devenir un fait de langue, autrement dit. s'imposer à la communauté linguistique.
Du point de vue logico-psychologique l'évolution sémantique présente quelques types différents. Ce sont la restriction et l'extension du sens, la métonymie, la métaphore, le glissement de sens qui sont les procès sémantiques fondamentaux éventuellement accompagnés de modifications affectives amenant à l'amélioration ou la péjoration, à l'affaiblissement ou l'intensification du sens des mots.
§ 23. La restriction, l'extension et le déplacement du sens. Nous assistons à la restriction ou à l'extension du sens d'un mot lorsqu'il y a respectivement spécialisation ou généralisation de la notion exprimée.
En faisant appel aux composants sémantiques on pourrait représenter la restriction de sens par la figure suivante : A -> A b ou A est la notion de genre, b - l'indice notionnel différentiel, la flèche symbolisant le transfert sémantique. Concrétisons ce modèle par l'exemple du verbe | pondre qui à partir du sens primitif de « déposer » (A) a reçu le sens de « déposer (A) des œufs (b) » en parlant des oiseaux et des reptiles.
Signalons d'autres cas de restriction du sens. Cueillir (du lat. : colli-: gère) signifiait au Moyen Âge « ramasser, rassembler » ; on pouvait cueillir Ides branches, des pierres, etc. : le sens étymologique de ce verbe s'est ; conservé dans quelques expressions techniques : le maçon cueille le plâtre avec sa truelle, le verrier cueille le verre fondu au bout de sa canne à souffler, mais dans le langage usuel d'aujourd'hui ce verbe ne signifie que « séparer une fleur de sa tige, un fruit de 1"« arbre qui l'a produit » : de là au figuré « cueillir des lauriers ».
Avaler (de à et val) dont le premier sens était très étendu - « descendre, faire descendre, abaisser » ne signifie aujourd'hui que « faire descen-iëre dans le gosier » ; le sens étymologique apparaît encore dans l'expression en aval de (Rouen est en aval de Paris).
Traire avait autrefois le même sens que le verbe tirer aujourd'hui : ion disait traire l'épée du fourreau, traire les cheveux, traire l'aiguille, etc. ; à présent on n'emploie ce verbe que dans le sens très spécial de :« tirer le lait des mamelles de ... » (traire les vaches, les chèvres, etc.).
Labourer signifiait primitivement « travailler » en général ; on labourait non seulement la terre, mais également le bois, les métaux ou autre matière ; plus tard le sens de ce verbe s'est restreint, il n'a signifié que « travailler la terre ».
Sevrer qui voulait dire autrefois « séparer » ne signifie plus que « séparer l'enfant de sa nourrice, cesser l'alaitement ». d'où au figuré «priver ».
Finance avait jadis le sens de « ressources pécuniaires dont qn dispose » et aujourd'hui, au pluriel - « ressources pécuniaires d'un Etat ».
Le sens étymologique de gorge est « un gouffre, une ouverture béante » qui s'est conservé dans l'acception « une gorge de montagne » : le sens moderne le plus usuel, homonyme du précédent, est « la partie antérieure du cou. le gosier ».
Viande (du lat. vivere - « vivre ») signifiait encore au XVIIe siècle « n'importe quelle nourriture » ; plus tard le sens de ce mot s'est restreint et il ne désigne aujourd'hui que l'aliment par excellence - « la chair des animaux de boucherie ».
Linceul s'employait dans le sens général de « linge, drap de lin ». aujourd'hui ce mot ne se dit plus que du drap mortuaire.
Poison ou « substance qui détruit les fonctions vitales » avait autrefois le sens général de « breuvage ».
Jument avait désigné « n'importe quelle bête de somme » et à pré-j sent « femelle du cheval ».
Il était un temps où l'on reliait non seulement des livres, mais ausshj bien des hottes de foin, des tonneaux, etc.
Ces exemples démontrent que 1 a restriction du sens estunl conséquence de la réduction de la fonction nominative du mot qui l'expression d'une notion de genre passe àl'expression d'une notion d'es pèce.
L'extension du sens présente un mouvement contraire dû Jl ce que le mot reçoit une plus grande liberté quant à sa fonction nominati| ve : on assiste à la transformation d'une notion d'espèce en une notion < genre.
La figure représentant le processus d'extension de sens sera Ab A:
Gain désignait autrefois la récolte, puis le produit obtenu par ton espèce de travail.
Arriver < lat. arripare a signifié d'abord « atteindre la rive », suite - « parvenir dans n'importe quel lieu ».
Panier était « une corbeille pour le pain » et aujourd'hui « une < beille » pour toute sorte de provisions.
Fruit signifiait « résultat d'un travail » (en latin), puis « produit de la floraison », et de nouveau - « résultat d'un travail ».
Gamin - synonyme de « garçon » était un mot dialectal de l'Est qui désignait « un jeune aide d'artisan ».
Effacer de « faire disparaître une figure » en est venu à signifier « faire disparaître sans laisser de trace ».
Egérie qui était à l'origine le nom d'une nymphe qui aurait été la conseillère de Numa Pompilius. deuxième roi légendaire de Rome, a pris le sens de « conseillère, inspiratrice ».
Dame est passé du sens de « femme de haute naissance » au sens de « femme » tout court.
Exode originairement « émigration des Hébreux hors d'Egypte » s'est élargi jusqu'à désigner toute émigration de masse
Charabia qui était appliqué au français des Auvergnats à cause de j leur prononciation du [s] comme [f] s'emploie aujourd'hui pour « langage, style incompréhensible ou incorrect ».
La restriction et l'extension du sens sont le plus souvent le résultat |du changement de l'aire d'emploi d'un mot qui passe d'une sphère de l'activité humaine dans une autre. Généralement ces procès sémantiques l'amènent guère à la polysémie. Toutefois des cas se présentent où le lême mot a un sens plus général dans la langue commune et un sens sstreint dans le cadre d'une terminologie spéciale ou d'un jargon.
Le déplacement de sens se fait aussi dans le cadre de la même lotion de genre, seulement dans ce cas il y a transfert d'une notion d'espece à une autre notion d'espèce. Ce processus correspond à la figure AbAc . Ainsi chaîne dont la notion générique de « suc-sssion d'anneaux de métal entrelacés » est concrétisée dans les sens de tlien » (tenir un chien à la chaîne), d'« attache ornementale » (chaîne A-, chaîne d'argent), de « suite d'éléments métalliques servant à trans-
; un mouvement utilisés en mécanique » (chaîne de bicyclette). Classeur dont la notion générique est « objet qui pennet de classer » ait les sens concrets de « meuble de bureau » servant au rangement. Jreliure à feuilles mobiles ». « casier, boîte (pour diapositives) ». Signais encore le mot chambre qui ne désigne point n'importe quelle pièce lis des pièces particulières : « pièce où l'on couche ». « compartiment srd d'un navire ». Comme le prouve ces exemples le déplacement de : peut créer la polysémie.