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Добавлен: 05.08.2024
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—Faut dire que, pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître. Réussir ça une seconde fois, ce ne doit pas être évident !
—Merci de m’encourager, siffla Iris. Je devrais déjeuner plus souvent avec toi, ça me remonterait le moral.
—Écoute, tu viens de passer trois mois où on n’a parlé que de toi, où on t’a vue partout, c’est normal que tu aies un petit coup de déprime à l’idée de t’enfermer à nouveau.
—Je voudrais que ça dure toujours…
—Mais ça dure ! Quand on est entrées dans le restaurant, j’ai entendu des gens murmurer « c’est elle, c’est Iris Dupin, vous savez celle qui vient d’écrire ce livre… ».
—C’est vrai ?
—Je te promets.
—Oui mais ça va s’arrêter…
—Non. Parce que tu vas en écrire un autre.
—C’est si dur ! Ça prend du temps…
—Ou alors tu fais un truc fou ! Tu te suicides…
Iris fit la grimace.
—Tu vas t’occuper des petits lépreux de Papouasie…
—Merci beaucoup !
—Tu donnes ton nom à une rose…
—Je ne sais même pas dans quel sens ça se tient !
—Tu t’affiches avec un petit jeune… Regarde Demi Moore, elle ne tourne plus de films mais on parle d’elle à cause de la jeunesse de son copain.
—J’en connais pas. Les copains d’Alexandre sont trop jeunes… Et puis il y a Philippe, tout de même !
—Tu lui expliques que c’est que de la pub pour le prochain livre ! Il comprendra. Il comprend tout, ton mari…
On leur apporta leurs plats et Iris baissa les yeux sur la nourriture, dégoûtée.
—Mange ! Tu vas finir anorexique.
—C’est mieux pour la télé ! À l’image, on prend dix kilos, il vaut mieux que je sois maigre…
—Iris, écoute-moi, tu vas devenir barjot… Oublie tout ça. Remets-toi à écrire, à mon avis c’est ce que tu as de mieux à faire !
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Elle a raison, elle a raison. Il faut que j’insiste auprès de Joséphine. Elle rechigne à en écrire un second. Elle se raidit quand j’en parle. Samedi prochain, je m’invite à déjeuner dans sa lointaine banlieue, je lui parle et j’emmène Hortense faire des courses avec moi…
— Non, Iris, n’insiste pas ! Je ne recommencerai pas !
Elles étaient toutes les deux dans la cuisine. Joséphine préparait le dîner. Elle avait recueilli Gary et avait l’impression d’avoir un ogre à nourrir.
—Mais pourquoi ? Ça n’a pas changé ta vie, ce premier livre ?
—Si… Et tu n’as même pas idée à quel point.
—Alors ?
—Alors… non.
—On forme une équipe formidable toutes les deux. Je suis lancée maintenant, j’ai un nom, une réputation, il n’y a plus qu’à alimenter la machine ! Tu écris, je vends, tu écris, je vends, tu écris…
—Stop ! hurla Joséphine en se bouchant les oreilles. Je ne suis pas une machine.
—Je ne comprends pas. On a fait le plus dur, on s’est fait une place au soleil et tu recules…
—J’ai envie d’écrire pour moi…
—Pour toi ? Mais tu n’en vendras pas un seul !
—Merci beaucoup.
—Ce n’est pas ce que je voulais dire. Excuse-moi… Tu en vendras beaucoup, beaucoup moins. Tu sais à combien on en est avec Une si humble reine ? De vrais chiffres, pas des chiffres bidon qu’on appose sur les encarts de pub…
—Aucune idée…
—Cent cinquante mille en trois mois ! Et ça continue, Jo, ça continue. Et tu veux arrêter ça ?
—Je ne peux pas. C’est comme si j’avais mis au monde un enfant, que je le croise dans la rue et que je ne le reconnaisse pas.
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—Nous y voilà ! Tu n’as pas aimé que je me fasse couper les cheveux en direct, que je m’étale dans les journaux, que je réponde à des interviews idiotes… Mais c’est le jeu, Jo, c’est ce qu’il faut faire !
—Peut-être… Mais j’aime pas ça. J’ai envie de faire autrement.
—Tu sais combien ça va te rapporter cette petite histoire ?
—Cinquante mille euros…
—Tu n’y es pas du tout ! Dix fois plus !
Joséphine poussa un cri d’effroi et se couvrit la bouche de sa main libre.
—Mais c’est horrible ! Je vais en faire quoi ?
—Ce que tu veux, je m’en fiche complètement…
—Et les impôts ? Qui va payer les impôts sur cette somme ?
—Il y a une loi pour les écrivains. Ils peuvent étaler leurs gains sur cinq ans. C’est moins douloureux. Ça passera sur les impôts de Philippe, il ne s’en apercevra même pas !
—Je peux pas lui laisser payer des impôts sur ce que je gagne, moi !
—Pourquoi ? Je te dis qu’il ne s’en apercevra pas.
—Oh ! non…, gémit Joséphine. C’est horrible, je ne pourrai jamais !
—Si, tu pourras, parce qu’on a passé un pacte et que tu vas l’honorer. Il est hors de question que Philippe sache quoi que ce soit. En plus, on est en froid, alors ce n’est vraiment pas le moment de lui balancer toute l’histoire. Joséphine, pense à moi, je t’en supplie… Tu veux que je me mette à tes genoux ?
Joséphine haussa les épaules et ne répondit pas.
—Passe-moi la crème fraîche, je vais en mettre un paquet. Un garçon d’un mètre quatre-vingt-dix, je te dis pas ce que ça bouffe ! Je remplis le frigo, il le vide, je le remplis encore, il le vide encore !
Iris lui tendit le pot de crème fraîche avec une moue de petite fille suppliante.
—Cric et Croc croquèrent le grand Cruc qui…
—N’insiste pas, Iris. C’est non.
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—Rien qu’un, Jo, et après je me débrouille. J’apprends à écrire, je te regarde faire, je travaille avec toi… Ça va te prendre quoi ? Six mois de ta vie et ça me sauve, moi !
—Non, Iris.
—Tu es vraiment ingrate ! Je n’ai rien gardé pour moi, je t’ai tout filé, ta vie a complètement changé, tu as complètement changé…
—Ah ! Tu le remarques toi aussi ?
Hortense passa la tête par la porte de la cuisine.
—On y va, Iris ? Il me reste du boulot à faire ce soir… Je ne voudrais pas rentrer trop tard.
Iris regarda une dernière fois Joséphine en joignant les mains en moniale fervente mais Joséphine secoua la tête fermement.
—Tu sais quoi ? dit Iris en se levant. T’es vraiment pas sympa…
La culpabilité maintenant, se dit Joséphine. Elle va me culpabiliser. Elle aura vraiment tout essayé. Elle s’essuya les mains sur son tablier, décida de rajouter un sachet de lardons dans sa quiche et l’enfourna. Ça me repose de faire la cuisine. Les petites choses de la vie me reposent. C’est ce qui manque à Iris. Elle ne tient à la vie que par des choses artificielles, sans racines, alors, à la moindre contrariété, elle perd pied. Je devrais plutôt lui apprendre à faire une quiche ! Ça arrêterait le manège dans sa tête.
Elle regarda, par la fenêtre de la cuisine, sa sœur et sa fille monter dans la voiture d’Iris.
—Ça ne va pas avec maman ? demanda Hortense à sa tante en bouclant la ceinture de sécurité de la Smart.
—Je lui ai demandé de me donner un coup de main pour mon prochain livre et elle refuse de m’aider…
Une idée surgit dans la tête d’Iris et elle demanda :
—Tu ne pourrais pas la convaincre, toi ? Elle t’aime tellement. Si tu lui demandes, elle dira peut-être oui…
—Okay, je lui en parlerai ce soir.
Hortense vérifia que sa ceinture était bien attachée, qu’elle ne froissait pas les plis de son chemisier Équipement tout neuf, puis elle revint à sa tante.
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—Elle pourrait t’aider tout de même. Après tout ce que tu as fait pour elle et pour nous depuis toujours !
Iris soupira et prit un air de victime éplorée.
—Tu sais, plus on aide les gens, moins ils sont reconnaissants.
—On va où faire des courses ?
—Je ne sais pas : Prada ? Miu Miu ? Colette ?
—Tu veux quoi exactement ?
—J’ai des photos à faire pour Gala mardi prochain et je voudrais être à la fois déchirée, chicissime et classieuse !
Hortense réfléchit et déclara :
—On va aller aux Galeries Lafayette. Ils ont tout un étage consacré aux nouveaux créateurs. J’y vais souvent. C’est intéressant. Je peux venir assister à la séance de photos, mardi ? On ne sait jamais, je pourrais rencontrer des journalistes de mode…
—Pas de problème…
—Je peux emmener Gary ? Comme ça je profite de son scooter…
—D’accord. Je laisserai vos deux noms à l’entrée du studio. Le soir, quand Hortense rentra chez elle, chargée de paquets
contenant des vêtements que sa tante lui avait achetés pour la remercier de s’être consacrée à elle tout un après-midi, elle demanda à sa mère pourquoi elle ne voulait pas donner un coup de main à Iris.
—Elle nous a tellement aidées toutes ces dernières années.
—Ça ne te regarde pas, Hortense. C’est un problème entre Iris et moi…
—Enfin, maman… Pour une fois que tu peux lui rendre service.
—Hortense, je te répète que ça ne te regarde pas. Allez, à table ! Appelle Gary et Zoé.
Elles n’en reparlèrent plus et allèrent se coucher après le dîner. Hortense avait été surprise par le ton ferme de sa mère. Elle lui avait cloué le bec avec son assurance. Une autorité nouvelle, paisible. C’est nouveau, ça, se dit-elle en se déshabillant. Elle était en train de mettre sur des cintres les tenues que sa tante lui avait achetées lorsque son téléphone
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portable sonna. Elle s’allongea sur son lit et répondit, en anglais, avec une grâce langoureuse qui alerta Zoé en train de batailler pour enfiler son pyjama sans défaire les boutons de la veste. Quand Hortense raccrocha et posa son portable sur sa table de chevet, Zoé demanda :
—C’est qui ? Un Anglais ?
—Tu ne devineras jamais, répondit Hortense, s’étirant sur son lit en proie à une volupté nouvelle.
Zoé la regarda, bouche bée.
—Dis-moi. Je ne dirai rien. Promis !
—Non. T’es trop petite, tu vas cafter.
—Si tu me dis, je te dis en échange un secret terrible ! Un vrai secret de grandes personnes !
Hortense regarda sa sœur. Elle avait l’air sérieuse, ses yeux semblaient hypnotisés par l’importance de la révélation.
—Un vrai secret ? Pas un truc à trois balles ?
—Un vrai secret…
—C’était Mick Jagger…
—Le chanteur ? Celui des Rolling Stones ?
—Je l’ai rencontré à Moustique et nous avons… sympathisé.
—Mais il est vieux, petit, ridé, tout maigre avec une grosse bouche…
—Il me plaît ! Il me plaît même beaucoup !
—Tu vas le revoir ?
—Je ne sais pas encore. On se parle au téléphone. Souvent…
—Et l’autre, celui qui appelle tout le temps quand je dors ?
—Chaval ? Largué… Super-glue ! Il pleurait sur mes genoux et bavait partout. Lourdingue, le mec !
—Ouaou ! dit Zoé, admirative. Tu zappes vite, toi.
—Faut zapper dans la vie, ne garder que ce qui t’intéresse et qui peut te servir. Sinon, tu perds ton temps… Alors, ton secret ?
Sa bouche formait un pli dédaigneux, comme si le secret de sa sœur n’arrivait pas à la cheville de Mick Jagger.
—Je vais te dire… Mais tu me promets que tu ne le répéteras
àpersonne.
—Promis, juré !
Hortense étendit la main et cracha par terre.
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—Je sais pourquoi maman ne veut pas aider Iris à écrire le livre…
Hortense leva un sourcil, étonnée.
—Tu sais ça, toi ?
—Oui, je sais…
Zoé se sentait importante. Elle avait envie de faire durer le suspense.
— Comment tu sais ça ?
Devant la mine étonnée et aimable de sa sœur, elle ne tint pas plus longtemps et raconta comment elle s’était retrouvée enfermée dans une armoire avec Alexandre et ce qu’ils avaient entendu.
—Philippe disait à un monsieur que c’était maman qui avait écrit le livre…
—Tu es sûre ?
—Oui…
—Alors, conclut Hortense, c’est pour ça qu’Iris insiste tellement auprès de maman. Elle ne veut pas qu’elle l’aide, elle veut qu’elle écrive le livre en entier !
—Parce qu’elle n’a jamais écrit le premier. C’est maman qui l’a écrit. Elle est forte, maman, tu sais, hyper-forte !
—Alors, je comprends mieux… Merci, Zoétounette.
Zoé se plissa de plaisir et lança un regard de dévotion à sa sœur. Elle l’avait appelée Zoétounette ! Ça n’arrivait pas souvent. D’habitude, elle la brusquait, la bousculait, la traitait de bébé. Ce soir, elle l’avait prise au sérieux. Zoé se coucha et s’endormit en souriant.
—J’aime bien quand tu es comme ça, Hortense…
—Dors, Zoétounette, dors…
Hortense, dans son lit, réfléchissait. La vie était passionnante. Mick Jagger la poursuivait au téléphone, sa mère se révélait être un auteur à succès, sa tante ne pouvait plus faire un pas sans elle, l’argent allait couler à flots… À la fin de l’année, elle passerait son bac. Il lui faudrait décrocher une mention pour entrer dans une bonne école de design. À Paris ou à Londres. Elle s’était renseignée. Elle verrait bien. Apprendre pour réussir. Ne dépendre de personne. Charmer les hommes pour se tracer un chemin. Avoir de l’argent. La vie était simple
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quand on appliquait les bonnes recettes. Elle assistait, affligée, aux atermoiements de ses copines de classe qui perdaient leur temps à savoir si tel boutonneux géant les avait remarquées. Elle, elle traçait. Chaval avait perdu toutes ses dents et Mick Jagger lui courait après. Sa mère allait gagner beaucoup d’argent… à condition qu’elle empoche les droits du livre. Il faudrait qu’elle veille à ce qu’elle ne se fasse pas arnaquer ! Comment est-ce que je peux faire ? À qui pourrais-je demander conseil ?
Elle trouverait.
Ce n’était pas si difficile, après tout, de se faire une place au soleil. Il suffisait de s’organiser. Ne pas perdre son temps avec des histoires de cœur. Ne pas s’attendrir. Virer Chaval qui ne servait plus à rien et faire croire à un vieux rocker qu’il était son prince charmant. Les hommes sont si vaniteux ! Ses yeux se rétrécirent dans l’obscurité de la chambre. Elle prit sa position favorite pour s’endormir : les bras le long du corps, la tête à plat, les jambes jointes en une longue queue de sirène. Ou de crocodile. Elle avait toujours aimé les crocodiles. Ils ne lui avaient jamais fait peur. Elle les respectait. Elle pensa un instant à son père. Que la vie avait changé depuis qu’il était parti ! Pauvre papa, soupira-t-elle, en fermant les yeux. N’empêche, se reprit-elle immédiatement, il ne faut pas que je m’attendrisse sur son sort. Il s’en sortira lui aussi !
En attendant, la vie se présentait sous de très bons auspices.
Philippe Dupin regarda son carnet de rendez-vous et vit que Joséphine était marquée à quinze heures trente. Il appela sa secrétaire et lui demanda si elle savait de quoi il s’agissait.
— Elle a appelé et demandé un rendez-vous officiel… Elle a insisté pour avoir du temps. Je n’aurais pas dû ?
Il grommela oui, oui et raccrocha, intrigué.
Quand Joséphine entra dans son bureau, il eut un choc. Bronzée, blondie, amincie, elle avait rajeuni et surtout, surtout, elle semblait s’être allégée d’un poids intérieur. Elle n’avançait plus les yeux à terre, les épaules rentrées, s’excusant d’exister,
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elle entra dans le bureau en souriant, l’embrassa et alla s’asseoir en face de lui.
— Philippe, il faut que je te parle…
Il la regarda, lui sourit pour arrêter un instant le temps et demanda :
— Tu es amoureuse, Joséphine ?
Déconcertée, elle bredouilla oui, son regard se troubla, et elle ajouta :
—Ça se voit ?
—C’est écrit partout sur ton visage, ta manière de marcher, de t’asseoir… Je le connais ?
—Non…
Ils se regardèrent un long moment en silence et, dans le regard de Joséphine, Philippe put lire un certain désarroi qui le surprit et vint adoucir la peine qu’il avait ressentie.
—Je suis très heureux pour toi…
—Je n’étais pas venue te parler de ça.
—Ah ? Je croyais qu’on était amis…
—Justement. C’est parce qu’on est amis que je suis venue te
voir.
Elle prit une profonde inspiration et commença :
—Philippe… Ce que je vais te dire ne va pas te faire plaisir et je ne voudrais en aucun cas que tu penses que je veuille nuire à Iris.
Elle hésitait encore et Philippe se demanda si elle aurait le courage, face à lui, de lui révéler la supercherie du livre.
—Je vais t’aider, Jo. Iris n’a pas écrit Une si humble reine, c’est toi qui l’as écrit…
La bouche de Jo s’arrondit et ses sourcils se soulevèrent en une interrogation stupéfaite.
—Tu savais ?
—Je m’en doutais et je m’en suis douté de plus en plus fort…
—Mon Dieu ! Et moi qui pensais…
—Joséphine, laisse-moi te raconter comment j’ai rencontré ta sœur… Tu veux que je demande qu’on nous apporte quelque chose à boire ?
Joséphine déglutit et dit que oui, c’était une bonne idée. Elle avait la gorge nouée et sèche.
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Philippe demanda deux cafés avec deux grands verres d’eau. Joséphine acquiesça. Puis il commença son récit.
—C’était il y a environ vingt ans, j’étais avocat depuis peu, j’avais déjà travaillé deux ou trois ans en France et je faisais un stage chez Dorman et Steller à New York, au département des droits d’auteur. Je n’étais pas peu fier, je peux te l’assurer ! Un jour, j’ai reçu un coup de fil d’un dirigeant de studio de cinéma américain, dont je tairai le nom, qui avait un dossier très embêtant sur les bras et qui pensait que ça pouvait m’intéresser : cela concernait une jeune Française. J’ai demandé de quoi il s’agissait et voilà ce qu’il m’a expliqué… Il y avait eu un travail collectif réalisé par les étudiants de dernière année de creative writing à l’université de Columbia, département cinéma. Un scénario écrit à plusieurs, récompensé à la fin de l’année par le staff enseignant de Columbia comme étant le scénario le plus original, le plus brillant, le plus achevé de tous ceux produits par les étudiants. Ce scénario avait été mis en scène ensuite par un certain Gabor Minar. Il en avait fait un moyen-métrage d’une trentaine de minutes, financé par l’université de Columbia, qui lui valut les félicitations de ses professeurs et lui permit par la suite de trouver des contrats pour des projets plus ambitieux. Ce film fut, comme il est d’usage, montré dans le circuit universitaire et, chaque fois, il remporta un prix. Or il se trouvait qu’Iris était étudiante dans le même groupe que Gabor et qu’elle avait participé à l’écriture du scénario. Jusque-là, rien de gênant. C’est après que ça se gâte… Iris remania le scénario, changea deux ou trois détails dans l’histoire, en fit une version longue qu’elle présenta à un studio de Hollywood, le studio où travaillait l’homme qui m’appelait, comme un projet original. Le studio, enchanté par l’histoire, lui signa sur-le-champ un contrat de scénariste pour sept ans. Avec beaucoup, beaucoup de zéros. C’était une première, un coup d’éclat, et on en parla dans la presse spécialisée.
—Je me souviens, on ne parlait aussi que de ça à la maison. Ma mère ne touchait plus terre.
—Et pour cause ! C’était la première fois qu’une élève fraîchement sortie de l’université se voyait proposer un tel contrat. Tout se serait très bien passé si une étudiante qui avait
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